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Première partie d’une étude menée par Laura-Lou Rey, del’éveilleur SCOP, jeune société coopérative implantée à Avignon.
« Le numérique est à la fois une ressource critique et un formidable outil, soit un remède avec beaucoup d’effets indésirables. » selon Frédéric Bordage, créateur de GreenIT.fr et auteur de Sobriété numérique.
Force est de constaté que le numérique est tout sauf immatériel. L’univers du numérique, c’est-à-dire les terminaux, les réseaux de communication et nos usages, demande toujours plus de matières et d’énergies. Par ailleurs, le 19 janvier 2022, l’Ademe-Arcep publiait son rapport au gouvernement « Empreinte environnementale du numérique en France » qui affirme l’urgence d’agir sur l’empreinte environnementale du numérique.
Selon l’étude du TMNlab, « les structures qui intègrent un axe programmatique autour du numérique s’inquiètent plus que les autres de l’impact écologique caché qu’il peut générer, alors que les lieux qui affirment ne pas se préoccuper du numérique identifient la déshumanisation (58%) et l’appauvrissement culturel (50%) comme les principaux freins à son développement ».
Nous l’avons vu dans les précédentes parties, nombreux sont ceux qui ont choisi de numériser une partie de leurs activités : créer avec les nouvelles technologies, produire et diffuser en ligne… Seulement, aujourd’hui, il est nécessaire de réduire autant que possible l’impacts de nos activités sur l’environnement, mais comment faire un évoluer nos pratiques numériques pour les rendre plus responsables ?
CULTURE ET NUMÉRIQUE RESPONSABLE
En novembre 2021, le Shift Project a publié le rapport « décabornons la culture » dans lequel est fait un état des lieux du secteur de la culture, et particulièrement du spectacle vivant, de l’audiovisuel, du livre et des enjeux du numérique dans la culture du point de vue des enjeux climatiques et énergétiques.
Cinq dynamiques ont été mise en avant pour encourager la décarbonation du secteur et guider les professionnels dans leurs démarches :
- Relocaliser les activités : inscrire la culture au cœur des territoires et en faire un moteur pour la transition locale au travers de tous ses besoins (achats, alimentation, bâtiments, énergie, mobilité et transports).
- Ralentir : les artistes continueront à faire des déplacements… à condition d’en allonger la durée pour en réduire le nombre.
- Réduire les échelles : réduction des jauges, des dispositifs techniques et du transport de matériel et de personnes. Place à la désescalade de « l’événementialisation » de la culture.
- Eco-concevoir les œuvres
- Renoncer à certaines pratiques déjà en cours et à certaines opportunités technologiques carbonées
Ces dynamiques viennent souligner la nécessité de s’engager globalement pour une transition de nos activités culturelles et artistique. Par leurs transversalités, les enjeux du numérique devront être considérés à chaque étape de nos projets pour favoriser des usages plus cohérents, des outils plus exigeant et plus performant, c’est-à-dire respectueux de l’environnement et accessible à tous.
MODERER SES USAGES
Les individus, comme les organisations, peuvent faire évoluer leurs pratiques en faveur de l’environnement. Cela passe par la mise en place d’une mesure de l’empreinte des dispositifs et outils numériques, la réduction de la fabrication et donc d’achat de matériel numérique au bénéfice du reconditionné et de la réparation de son équipement, ainsi que par la sobriété dans nos utilisations (éviter de communiquer, de publier inutilement, réduire nos temps d’écran quotidien, etc.).
La technique des 5R peut vous permettre de faire des choix plus respectueux :
– Refuser ce dont je n’ai pas besoin : éviter le superflu technologique et les modèles dominants.
– Réduire ce dont j’ai besoin et que je ne peux pas refuser : réduire son empreinte numérique en limitant ses achats d’objets numériques, sa consommation électrique, sa production de données, sa présence sur internet.
– Réutiliser : trouver une alternative durable à ses objets fonctionnels en les réparant et aux ressources numériques déjà disponibles en les réutilisant.
– Recycler ce que je ne peux ni réparer ni réutiliser : dernier recours pour le traitement de ses objets numériques.
– Rendre à la terre : prendre soin de soi, se déconnecter du numérique pour se reconnecter à ce qui nous entoure, essaimer les bonnes pratiques autour de soi…
Prendre soin de ses appareils électroniques est le geste le plus important pour allonger la durée de vie de ses appareils et ainsi diminuer son impact : utiliser un ordinateur durant 4 ans au lieu de 2 améliore de 50 % son bilan environnemental.
Pour cela, vous pouvez :
- Nettoyer, trier et supprimer
Pour allonger la durée de de vie de son équipement, il est conseillé de nettoyer, trier et supprimer les données inutiles des boites mail, téléphones, ordinateurs, cloud.
Pour vos mails, écrivez des courriels légers, privilégiez l’instantané, réduisez la qualité des photos et vidéos que vous partagez et supprimez-les dès que possible… Quant à votre stockage de données, privilégiez le stockage en local (ordinateurs, disques dur externe) plutôt que sur un cloud.
- Limiter la consommation d’énergie de vos équipements
Pour limiter la perte d’énergie de vos équipements, branchez-les sur une multiprise à interrupteur qui peut être éteinte lorsque qu’ils ne sont pas utilisés. Vous pouvez également activer le « mode économie d’énergie » sur votre ordinateur, ou le « mode avion » de votre smartphone, afin d’augmenter son autonomie.
Pensez à fermer ou supprimer les applications inutilisées sur votre smartphone, à désactiver le wifi de votre box internet lorsque celui-ci n’est pas utilisé et, en cas d’absence, à éteindre l’interrupteur d’alimentation de la box internet.
- Utiliser la séquence éviter-réduire-compenser
Posez-vous ces trois questions, dans l’ordre, lorsque vous devez utiliser un outil numérique : est-ce que je peux éviter cette action afin de supprimer l’impact négatif ? Si non, est-ce que je peux réduire autant que possible la durée d’utilisation, réduire autant que possible l’impact de cette action ? En dernier lieu, est-ce que je peux compenser mon impact, c’est-à-dire apporter une contrepartie à impact négatif ?
Enfin, pour votre santé personnelle, il est essentiel de penser à se déconnecter, à limiter les temps d’écran et la consommation de vidéos en streaming. L’utilisation du mode sombre peut également réduire votre fatigue visuelle.
TENDRE VERS LA SOBRIÉTÉ
Les enjeux du numérique et ceux de l’écologie peuvent converger. La fabrication et l’utilisation d’objets numériques engendre des impacts négatifs sur l’environnement, mais nos usages peuvent également générer des impacts positifs plus importants pour notre société. C’est dans la dimension sociale que se situe encore une fois l’enjeu principal du numérique. En favorisant un usage raisonné du numérique, nous pourrions réduire son empreinte sociale, économique et environnementale. Pourquoi ne pas faire du numérique un outil de résilience, plutôt qu’un facteur d’accélération et d’amplification de l’effondrement en cours ?
Laura-Lou REY
Pour aller plus loin, vous pouvez consulter la boîte à outil de l’Institut du Numérique Responsable. / www.institutnr.org